ChatGPT efface la frontière entre l’Homme et la machine
Il est sur toutes les lèvres, de la cour d’école au laboratoire de recherche. Le robot conversationnel développé par la start-up Open AI entre dans l’histoire et écrit notre avenir. Il nous pousse à repenser ce qui nous rend – ou non – si différents.

Un robot bien bavard
ChatGPT appartient à la catégorie des outils de traitement de langage naturel, ou NLP. L’objectif de cette branche de l’IA consiste à générer des dialogues aussi humains que possible. Pour ce faire, le robot traite et analyse les entrées de texte à l’aide d’un modèle linguistique, et renvoie une réponse pertinente pour alimenter la conversation. Il est la création de l’association Open AI, entité américaine à but non lucratif visant un développement encadré et structuré de l’intelligence artificielle, fondée par Sam Altman et Elon Musk. Ce dernier s’en est pourtant éloigné après des désaccords internes, et se concentre aujourd'hui sur le développement de son propre système. Basée sur l’architecture GPT-3 (Generative Pre-trained Transformer 3), la nouvelle star de l’IA semble capable de tout. Chansons, poèmes, essais, articles, le monde entier l’a mis au défi et a pu témoigner de ses incroyables compétences. Des programmes informatiques les plus complexes aux questions philosophiques millénaires, ChatGPT ne recule devant rien.
“L'intelligence artificielle serait la version ultime de Google. Le moteur de recherche ultime qui comprendrait tout sur le web. Il saurait exactement ce que vous voulez, et vous le donnerait immédiatement.”
Quelques limites, de nombreuses perspectives
Déconnecté d’internet, ChatGPT est pour l’instant limité au monde antérieur à 2021. L’interroger sur la guerre en Ukraine ou le mondial au Qatar, entre autres, n’est donc pas envisageable. Le robot manque parfois de précision, et peut même présenter des informations erronées ou des théories complotistes. Selon un test de nos confrères du Parisien, il avancerait notamment que « le gouvernement français cache la vérité sur les attentats du 13 novembre ». Des failles à surveiller, compte tenu de la popularité récente de la plateforme. Ces quelques problèmes actuels n’entraveront cependant pas son développement. D’un point de vue commercial, ChatGPT pourrait mener une petite révolution. Très personnalisable, la création d’Open AI s’adapte facilement à des tâches et des situations spécifiques, comme un service après-vente ou une application de livraison. Il suffit de lui fournir des modèles de conversations en guise d’entraînements, affinant ses capacités et ses performances avec le temps. Tous les secteurs d’activité y trouveront une utilité : générer du contenu rapidement pour le marketing, effectuer des recherches volumineuses pour la médecine, résoudre des bugs pour l’informatique, et ainsi de suite. Larry Page, cofondateur de Google, décrivait déjà en octobre 2000 ce à quoi ChatGPT ressemblerait : “L'intelligence artificielle serait la version ultime de Google. Le moteur de recherche ultime qui comprendrait tout sur le web. Il saurait exactement ce que vous voulez, et vous le donnerait immédiatement.”
L’éthique, une notion trop humaine ?
Jusqu'au développement de l'IA générative, seuls les emplois ouvriers devaient affronter l’avènement de l’automatisation. Aujourd’hui, l'intelligence artificielle semble bien partie pour remplacer les travailleurs humains dans les secteurs exigeant créativité, réflexion et apprentissage. Nous assistons à la première perturbation technologique importante de ce marché, et aucun diplôme universitaire ne protègera désormais quiconque. ChatGPT est la catharsis dont nous avions besoin pour nous questionner sur le monde que nous souhaitons construire, et sur la relation que nous voulons développer avec les robots. Nous avons besoin de systèmes informatiques capables de comprendre les valeurs, les cultures et les comportements humains. Nous devons construire des "machines morales", pour atténuer les risques de dérapage, et assurer une entente positive. L’IA naît devant nos yeux, il est temps de choisir son éducation.